sábado, 18 de setembro de 2010

S de Solidão (ou C de Comunidade)

XI

Et l’art n’a rien fait sinon nous montrer le trouble dans lequel nous sommes la plupart du temps. Il nous a inquietés, au lieu de nous rendre silencieux et calmes. Il a prouvé que nous vivons chacun sur son île ; seulement les îles ne sont pas assez distantes pour qu’on y vive solitaire et tranquille. L’un peut déranger l’autre, ou l’effrayer, ou le pourchasser avec un javelot – seulement personne ne peut aider personne.


XII

De l’île à île, il n’y a qu’une possibilité : de dangereux sauts où l’on risque plus que ses jambes. Cela donne un éternel va-et-vient bondissant, fait de hasards et de ridicules ; car il arrive qu’ils soient deux à sauter en même temps l’un vers l’autre, si bien qu’ils ne se rencontrent qu’en air, et qu’après ce pénible échange ils se retrouvent tout aussi loin – l’un de l’autre – qu’auparavant.

Rainer Maria Rilke, Notes sur la mélodie des choses,
Éditions Allia (que tem um dos mais bonitos catálogos de grandes livros pequeninos )

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